Le Bouddha géant de 69 m du Wat PakNam

Le Bouddha geant terminé

Se rendre au Wat Pak Nam Phasi Charoen généralement appelé Wat Paknam, était  encore il y a peu une visite rarement programmée lors d’un séjour à Bangkok et ce temple reste aujourd’hui encore parfois peu connu de la plupart des touristes qui visitent chaque année la capitale thaïlandaise. Mais depuis la nette reprise du tourisme depuis 2023 , les choses changent rapidement et il est vite devenu l’une de visites incontournables à Bangkok. A en voir le trafic sur les khlongs qui l’entourent , jadis si paisibles, qui sont désormais parcourus par les longtails qui de plus en plus incluent un passage au pied de ce majestueux et gigantesque Bouddha dans leur itinéraire de promenade.

Au pied du Bouddha

Depuis deux ans quelque chose a changé dans ce quartier tranquille à l’ouest de Bangkok et c’est principalement la construction récente d’un immense  Bouddha  de 69 m qui a soudainement mis en lumière ce temple qui existe pourtant depuis fort longtemps. Malgré la crise sanitaire du Covid , l’échéancier de la construction a été respecté . J’ai laissé volontairement dans cet article, les photos prises à divers degrés de l’élaboration de cet incroyable projet que nous avons suivi pendant deux ans. Elles nous permettaient de découvrir chaque mois un peu plus cette exceptionnelle sculpture, au fur et à mesure que des échafaudages étaient ôtés . Il veille désormais sereinement sur les autres bâtiments du temple  et sur  les paisibles rues avoisinantes d’un charmant quartier encore trés authentique.

Au niveau de la fréquentation touristique, on est encore loin ici de celle du Wat Phra Kaew ou du Wat Pho. Ceux qui ont la chance d’être à Bangkok en ce moment peuvent donc l’admirer encore tranquillement . Au début de la construction, juste avant que le pays ne ferme ses frontières, l’affluence étrangère  hormis quelques touristes japonais  y était encore  faible. Avec la réouverture du tourisme en Thailande , il reste encore pour l’instant principalement fréquenté par de nombreux Thaïs et de plus en plus de visiteurs étrangers ayant connaissance de son existence.

Le bouddha émerge des toits du quartier

Ce temple a encore bien plus à offrir que cette belle représentation de Bouddha pour surprendre le visiteur. Il possède une autre merveille, presque cachée au 5e étage de la pagode de marbre blanc qui se trouve à côté du grand Bouddha. Celle-ci recèle un chédi vert émeraude de toute beauté,   installé tel un précieux joyau dans une salle immense . Un lieu parfait pour accéder à un moment de sérénité ou de méditation que ce soit pour les bouddhistes ou les profanes.

Possédant le degré de temple royal de troisième rang, le vaste complexe  du wat Pak Nam est également un important monastère. Il appartient au courant  Maha Nikaya , l’un des deux principaux ordres monastiques du bouddhisme thaïlandais. Une fraternité qui est aussi est à l’origine de la tradition  Dhammakaya. Avantageusement soutenu par les membres prospères de cette communauté, il est particulièrement bien entretenu. Des amies thaïlandaises me disent souvent qu’il est aussi le temple des célébrités, qui lui font régulièrement de généreux dons

Le  Bouddha géant  de 69 m

Dans les jardins du temple

Dominant tout le quartier sa haute silhouette est impressionnante et il est désormais l’un des plus grands Bouddhas de Thaïlande et l’un des plus hauts  du monde .

Il porte le nom de Phra Buddha Dhammakāya Thepmongkhon et son attitude gestuelle  est celle du mudrâ de la  méditation, symbole de sagesse,   c’est-à-dire que ses deux mains sont posées l’une sur l’autre, les  paumes vers le haut et reposant sur les jambes croisées en position de lotus. Les plantes des pieds sont aussi orientées vers le haut et les pouces se rejoignent parfois pour former un triangle. Cette posture évoque un état de concentration avancée, c’est pourquoi les paupières sont également presque closes. Sa construction fut décidée dés 2017.

tete du bouddha géant
Tête du bouddha

Les textes du bouddhisme nous expliquent que Siddhârtha Gautama , le futur Bouddha, aurait  adopté cette posture lors de ses ultimes méditations , tout juste avant d’atteindre  l’illumination sous l’arbre de la Boddhi , il y a environ 2500 ans . Petit détail supplémentaire pour d’autres visites de temples, l’arbre en question était un simple figuier, le terme Boddhi signifiant illumination . Cette attitude sereine est aussi utilisée dans la méthode de méditation  que développa ici même Luang Pu Sodh, l’abbé encore très respecté qui redonna vie à ce temple . Autre jolie précision, en Thaïlande chaque jour de la semaine correspond à un mudrâ du Bouddha bien défini, et bien qu’il y en ait deux le mercredi, cela permet à chacun de trouver celui de son jour de naissance. En Thaïlande vous verrez très souvent dans les temples, cette suite de huit petites représentations de Bouddha. Celui-là est celui du jeudi, alors si vous êtes né un jeudi, c’est peut -être le vôtre.

tete du bouddha dans le temple
Temple de Thonburi
bouddha geant bangkok

Cette représentation géante de Bouddha est constituée de multiples plaques en cuivre doré, assemblées et fixées sur une structure métallique. C’est ici le fruit d’une collaboration entre des techniciens chinois et thaïlandais en ce qui concerne ce type de découpe du métal un peu particulière. Une technique rarement utilisée dans ce genre d’immense construction bouddhique car on lui a presque toujours préféré le stucage  de plâtre ou de ciment sur un noyau en  brique, comme c’est le cas pour le célèbre Bouddha couché du Wat Pho.
  Avec sa haute stature de 69 m sur une base de 40 m de large , il est si imposant que selon l’endroit où l’on se trouve dans le temple, il est difficile d’avoir une vue d’ensemble de la statue. On peut l’admirer , et c’est absolument impressionnant , au pied de la statue elle-même ou il faut s’éloigner dans le quartier pour avoir une perspective plus large et se rendre encore mieux compte de son gigantisme. Aussi haut qu’un immeuble d’une vingtaine d’étages !

khlong bangkok
Khlong au pied du Bouddha pendant sa construction

Deux reliques importantes ont été placées à l’intérieur. L’une au niveau de la tête, dans son chignon comme on le voit sur l’image ci-dessous . L’autre est une structure d’or en tant que « cœur »située dans le côté gauche de sa poitrine. 

canal et bouddha geant
Au bord du khlong


En Thaïlande , il est supplanté en taille par le Bouddha du  Wat Muang , qui se trouve dans un monastère en pleine campagne dans la province de Ang Thong Dans ce type de représentation , on n’oubliera pas bien sur le célèbre Bouddha couché du Wat Pho qui fait 46 m de long.

A Bangkok, il existe déjà un autre grand bouddha , mais debout et plus petit , qui ne fait que 32 m de haut et qui se trouve dans le sympathique quartier de Thewet , je vous en parle dans un autre article et c’est le Wat Intharawihan.

Immense  chédi de marbre blanc

La grande pagode blanche fut construite entre 2004 et 2012 à la requête de l’actuel moine- abbé   Somdet Chuang  . Pour un budget de 300.000 millions de bahts et en l’honneur de la famille royale et de Sa Majesté la reine- mère Sirikit qui fêtait son 72e anniversaire. Ce chédi impressionne avec ses 80 mètres de haut et son style moderne et épuré en forme de polygone qui surprendra les habitués des vieux temples plus  traditionnels de Bangkok.

Grande pagode de marbre blanc du Wat Pak Nam
Pagode de marbre blanc
Pagode en marbre blanc de 80m de haut
La grande pagode

On peut rappeler que pas très loin de là, le Wat Arun culmine quant à lui à 78 m. Au Wat Paknam, cette construction est un signe de la prospérité des bouddhistes tout comme il souhaite mettre en lumière les beaux-arts et l’architecture thaïlandaise. La conception de ce chédi de marbre blanc, dit « Maharatchamongkhon »  en thai  มหา รัช มงคล,   s’inspire de la forme des fameuses amulettes connues et recherchées de Luang  Pu Sodh mais également d’un autre stupa, celui du très ancien du  Wat Lok Moli de Chiang Mai .

Dés l’entrée,   les riches  portes sculptées donnent le ton. Les cinq étages  sont accessibles par un escalier monumental en marbre et heureusement par un ascenseur. La ligne épurée de l’extérieur ne présage en rien des merveilles et de la  somptuosité des réalisations artistiques que le visiteur va découvrir à l’intérieur de cette grande pagode…

portes dorées sculptées de la pagode en marbre de 80 m
Porte du chédi
sculpture des portes d’entrée de la pagode
Porte détail

Le dôme et son ambiance surnaturelle

chédi vert fluo au wat Paknam Phasi charoen
Pagode de verre emeraude
Chédi en verre

Un chédi vert émeraude

Au 5ᵉ étage de la pagode et au  centre d’une vaste salle,  se trouve la  remarquable sculpture d’un chédi vert émeraude de 7 m  de haut réalisé grâce à un assemblage de 800 feuilles  de verre de 1 cm d’épaisseur travaillées à la main. Au sommet, une niche contient une précieuse relique. Cette pagode verte  fluo entourée de ses 80 nâgas ,verts eux aussi et du même  matériau, achèvent de nous transporter dans un univers complètement surnaturel. Partout ici, le point de référence est 80, qui exactement l’âge de Bouddha lorsqu’il mourut à 80 ans.

 Photos copyright Chon Jason- Le chédi en verre.

Sur le haut plafond en forme de dôme qui culmine a plus de 10 m , un ciel cosmique d’un millier d’étoiles de différentes couleurs et tailles incrustées de cristaux transporte le visiteur dans un monde magique. Les murs peints achèvent de donner un sentiment d’immersion dans un univers surnaturel. Cette œuvre est celle du maitre  Chakrapahna Poshikaakrit , l’un des artistes peintres le plus réputé du pays. Il est agréable ici de connaitre le nom de l’artiste, ce qui n’est pas souvent le cas dans les autres magnifiques temples de Bangkok, au vu d’œuvres d’art bouddhiques et de fresques pourtant incroyables et toute beauté.

peinture bouddhique
Belle peinture bouddhique

Chedi vert fluo sous le dome au wat Paknam Phasicharoen
Nagas en verre
Chedi vert fluo sous le dome au wat Paknam Phasicharoen
chédi vert fluo et dôme au 5eme étage de la pagode
80 nagas de verre autour d'un stupa en verre
Les 80 stupas de verre
Chedi vert fluo sous le dome au wat Paknam Phasicharoen
Dome et stupa

ll fait bon s’assoir ici sur les dalles de marbre frais , se prendre à méditer et se sentir presque transporté ailleurs. Il faut pour revenir à la réalité, se diriger vers un coin de la vaste salle où une porte permet d’accéder à un balcon qui possède une vue directe sur le géant doré et Bangkok. Pas besoin d’un drone pour admirer le beau panorama sur tout le quartier avoisinant, dont les maisons aux toits bas nous font remonter le temps et imaginer la ville telle qu’elle était jadis.

la pagode et le bouddha vue arriere
pagode et bouddha
vue depuis la terrasse sur Bangkok
Vue sur Thonburi

Somptueuses salles à tous les étages

Les salles des autres étages de la pagode sont consacréées a des salles de réception et de méditation. Au 4ᵉ et 3ᵉ , de nombreuses statues dorées, dont l’une fut moulée avec une tonne d’or pur. Dans la salle Sangkhunarom encore de nombreuses images de Bouddha. On notera partout l’exceptionnel travail des colonnes finement travaillées. Les peintures décoratives qui ornent ces salles représentent principalement les figures légendaires du bouddhisme tel que Phra Malai, un moine légendaire ainsi que des représentations du Traibhumikatha , le sermon des trois mondes, un traité de cosmologie datant de sept siècle datant du XIVe siècle et qui est le texte bouddhique le plus ancien connu. Des photos encadrées, comme on en voit souvent dans les temples, honorent des membres du clergé dont Luang Pu Sodh et le dernier abbé , responsable du temple.

Salle de la pagode pour reception etude et seminaires
Salle de la pagode pour réceptions, étude et séminaires
Salle de la pagode de marbre
Salle de la pagode de marbre

Au 2ᵉ étage , la salle Thammakhun est justement une vaste pièce moquettée de rouge qui permet d’accueillir des centaines de personnes. Elle permet d’y tenir des réunions du clergé et de pratiquer le dharma en diverses occasions, des cérémonies et des séminaires. Pour vous faire une idée de l’activité importante du temple, consultez sa page facebook .

Salle de la pagode et sculptures
Salle de la pagode

Le wat Pak Nam Phasi Charoen est fort connu à l’échelle internationale en raison de la promotion qu’en fit son célèbre abbé fondateur. Chaque année, des moines venus du Royaume-Uni, du Japon, des États-Unis, de Nouvelle-Zélande, du Sri Lanka, du Népal et d’autres endroits s’engagent ici dans des études religieuses et apprennent la méditation . Actuellement le Wat Paknam possède des succursales dans sept pays dont les États-Unis, le Japon , l’ Inde et la Nouvelle-Zélande.

colonne en stuc doré au wat paknam
colonne
colonne en stuc doré au wat paknam
stuc doré
colonne en stuc doré au wat paknam
art bouddhique
Objets liturgiques dans la pagode du temple
Salle de la pagode
Salle de la pagode et sculptures
Salle de la pagode et sculptures
colonne en stuc doré au wat paknam

Le musée au rez-de-chaussée de la pagode

musee wat pak nam
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi

Si vous souhaitez avoir un aperçu de ce que fut le style de vie en Thaïlande depuis un siècle , il est vraiment très instructif de visiter le fantastique musée du rez-de-chaussée., le « Khunaromle Public Room. Un tel musée est surprenant dans un temple

musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
Voitures anciennes
musee wat pak nam Thonburi

Des centaines d’objets y retracent la vie de milieux citadins et ruraux depuis le début du siècle et permettent de remonter le temps. Ils proviennent dans leur grande majorité des cadeaux de très nombreux fidèles.  Dans un cadre luxueux et d’une propreté impeccable où l’on ne trouve pas un gramme d’infime poussière, la diversité étonne. Sans chronologie établie mais fort bien présentés dans une seule et gigantesque salle, on trouve ici de nombreux appareils photos anciens , des albums photo, des livres , des outils agricoles et du quotidien, des maquettes et de vrais bateaux qui sillonnaient jadis fleuves et canaux ,des paniers, des nasses de pêche, des charrues et leurs buffles sculptés en action.

musee wat pak nam Thonburi
animaux du zodiaque
animaux du zodiaque
musee wat pak nam bangkok

musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi

De simples objets du quotidien , de modestes outils de commerçants et de paysans , mais aussi des objets liturgiques et des pierres précieuses, des bijoux, des sculptures bouddhiques et zodiacales, des antiquités, de remarquables pièces de poteries et des porcelaines Benjarong. Une magnifique sculpture d’un Bouddha en jade d ‘Italie, présage de bon augure voisine avec une calèche et des voitures anciennes. L’une d’elles, de marque Mercedes -Benz fit d’ailleurs polémique ces dernières années au sujet de sa provenance en tant qu’antiquité.

musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi
musee wat pak nam Thonburi

Les 6  raisons de venir au Wat Pak Nam

Ce qui justifie largement votre visite du Wat Pak Nam Phasi Charoen

  • Pour son  l’immense Bouddha doré, bientôt l’un des plus grands au monde 
  • Pour le chedi de marbre blanc qui réserve deux splendides   découvertes dont  un chedi d’un vert émeraude irréel et un musée très intéressant sur la vie thaïlandaise. 
  • Pour le quartier traditionnel et authentique et les khlongs qui l’entoure
  • Pour les nombreuses nonnes en blanc que l’on y croise, ce qui est rare à Bangkok
  • Pour les possibilités d’étude  de la méditation Dhamnayala sur lesquelles on peut se renseigner.
  • Pour son jardin au bord des khlongs.
  • L’immédiate proximité d’autres temples intéressants comme le Wat Khun Chan juste de l’autre côté du khlong

Dans le quartier de Thonburi , une alternative fantastique

Pendant des décennies  les visiteurs de la capitale thaïlandaise se sont contentés de découvrir les principaux hubs de la ville, tous  situés sur sa rive est, la plus connue et médiatisée avec ses nombreux gratte-ciels,   ses rues animées, ses somptueux temples photogéniques et ses immenses centres commerciaux et nombreux musées.

Loin des foules  et des millions de touristes qui viennent chaque année à Bangkok, l’autre rive du fleuve Chao Phraya qui sépare la ville en deux est restée longtemps endormie et boudée de ceux-ci.  Ici pas de gratte-ciel dans les rues et sois qui ont su  préserver un rythme de vie plus paisible. Les communautés sont encore sillonnées par les derniers mais très fameux khlongs qui restent bien présents dans l’ADN de Bangkok, qu’on a longtemps appelée la Venise de l’Asie.

transport sur le khlong

Cette partie de la ville reste depuis longtemps ma préférée et dans les alentours du temple vous pourrez encore ressentir cet esprit particulier d’un Bangkok d’antan. N’oublions pas que c’est ce côté du fleuve qui a vu naître  Bangkok , il y a plus de deux cents ans. 

La découverte  de ces quartiers restait jusqu’à il y a peu, très confidentielle et réservée aux initiés ou aux curieux . Elle était surtout mal desservie et peu mise en valeur. On ne l’abordait en général que le temps de visiter le sublime Wat Arun, situé juste au bord du fleuve et sans pénétrer plus avant  dans les rues voisines.

khlong prés du temple Thonburi

Ces dernières années la situation a rapidement  évoluée avec l’ouverture de plusieurs nouvelles lignes de transport en commun qui permettent désormais d’accéder rapidement à ces nombreux districts et les rives de Thonburi se sont dotées de nouveaux sites phares  et pas des moindres comme le fabuleux centre commercial IconSiam et l’espace Lhong 1919,  un lieu culturel qui célèbre la part de l’ancien passé chinois de la ville.

Malgré ces nouveaux changements, la région divisée en de nombreux districts garde encore pour l’instant une identité traditionnelle tranquille et populaire et pour aujourd’hui c’est ce qui nous intéresse tout à fait ici avec le district de Phasi Charoen où se trouve le Wat Pak Nam.

monastère wat Paknam Phasicharoen
Monastère wat Paknam Phasicharoen

Geste porte-bonheur des dons de pain aux poissons du khlong dans le jardin du monastère.

Comme une île entre trois khlongs

khlong autour du temple bouddha geant bangkok

Le nom de , Wat PakNam signifie » le monastère à l’embouchure de la rivière”.Il est effectivement à la jonction de trois khlongs et a donc presque la forme d’une île entourée de canaux. Venir jusqu’ici est donc un bon choix pour les visiteurs qui cherchent à découvrir les khlongs de la capitale thaïlandaise. Le plus connu des trois est le khlong Bangkok Yai  ,dans lequel se jettent le khlong Phasi Charoen  et aussi le khlong Dan. Ce dernier possède  même un embarcadère qui permet de venir ici directement avec un service de bateau public qui existe à certaines heures.
Depuis ce khlong, on pouvait aussi prendre un bateau qui menait vers le sud-ouest, jusqu’à la province voisine de Samut Sakhon et donc vers le golfe de Thaïlande. A vérifier s’il existe encore.

Pour le fun , il est sympa de savoir que le khlong Phasi Charoen servit de cadre au tournage du film, L’homme aux pistolets d’or. La fameuse scène de poursuite en bateaux de ce James Bond vous dit sans doute quelque chose.

khlong autour du temple bouddha geant bangkok

Un jardin tropical au bord du canal

jardin tropical monastere wat Paknam

Lorsqu’on pénètre discrètement jusqu’au fond du temple, on passe les réfectoires, les salles d’études et on accède à la paisible partie du monastère où vivent les moines qui entretiennent un luxuriant jardin tropical au bord des canaux . De bonnes odeurs et des bruits de vaisselle vous attireront peut-être tout au fond vers les cuisines où s’activent les nonnes. C’est  un endroit paisible pour un moment agréable propre au recueillement où l’on observe parfois  les locaux nourrir poissons et pigeons, une coutume fréquente ici et une bonne action pour s’attirer la chance.

Les Mae chi, des nonnes vêtues de blanc

nonne
Sourire -Photo courtesy of Wat Paknam Fb

Ce monastère est exceptionnel dans la ville, car on y croise plus qu’ailleurs de nombreuses nonnes vêtues de blanc, certaines au crâne et sourcils rasés, surtout dans la partie gauche du temple, vers l’Ubosot . On les croise seules et assises en méditation, ou devisant calmement à deux ou encore s’activant dans les cuisines. Elles souriront parfois à votre passage, pleines de bienveillance, Des jeunes femmes laïques viennent aussi régulièrement ici suivre des cours de méditation et sont elles aussi vêtues de blanc pour l’occasion.

devotion nonne bangkok
Dévotion au temple-
groupe-maechi en prière
recueillement

Mae chi en Thailande»

En Thaïlande, on appelle Mae chi ou Mae Chee, ces femmes qui restent des laïques bouddhistes, non ordonnées, mais qui font quand même le choix de consacrer leur vie à la religion en menant une vie ascétique. Elles font vœu de célibat et suivent huit ou dix préceptes du bouddhisme.

Mais elles ne sont cependant pas reconnues par le gouvernement et l’autorité bouddhique et ne jouissent pas du prestige ou des privilèges des moines. Cette position est celle du bouddhisme Theravāda thaïlandais. Contrairement aux pays qui reconnaissent les femmes en tant que nonnes ordonnées comme la Chine, Taiwan, la Corée du sud et le Vietnam,  mais aussi le Bhoutan, Népal et la zone du Tibet selon les règles des écoles bouddhistes Mahayana, tibétaine mais encore le courant zen au Japon . Pour ceux d’obédience Theravāda ,la seule exception est celle du Sri Lanka depuis 98 ,

nonnes en thailande
Nonnes

Il est donc toujours illégal en Thaïlande pour les femmes de prendre l’ordination complète tant que Bhikkuni, (religieuse) en raison d’une loi de 1928 créée alors par  le patriarche suprême , la plus haute autorité de l’ordre des moines du pays. Mais certains courants se dédouanent de cette règle comme celui qui gère le Wat Paknam où elles sont les bienvenues. Ici elles peuvent étudier la méditation, on leur propose des dortoirs et une allocation de 800 bahts par mois . Ce qui fait le temple possède la plus grande communauté de Mae chi à Bangkok et sans doute du pays. Les Mae chi ont toujours été et sont encore des figures marginalisées dans la société thaïlandaise. Mais au cours du 20ᵉ siècle, de nouveaux mouvements pour améliorer leur état ont régulièrement émergés, ici et là.

ceremonie ubosot wat paknam
Ceremonie ubosot Wat Paknam-source page facebook du temple
Maechi-bangkok
Mae chee

Leur situation est encore délicate, les Thaïlandaises elles -même étant souvent les plus opposées aux femmes portant des robes.et pensent parfois que deviennent Mae chi celles qui ne trouvent pas de mari ou qui souhaitent échapper à des problèmes personnels ou familiaux.

Une histoire à part et une branche particulière du bouddhisme

J’aime bien revenir sur l’histoire des temples de la ville mais lorsqu’on parcourt le net de nos jours , il faut admettre que l’on cherche souvent à aller au plus vite à l’information essentielle. C’est pourquoi , j’évoque désormais cet aspect à la fin de mes articles, pour ceux qui cherchent à en connaitre plus.

Le temple des origines

Il y a bien longtemps, un premier temple existait déjà à cet emplacement , en fait dès 1610 à l’époque où la capitale du Siam était encore Ayutthaya . Tout comme de nombreux autres temples du pays, il changea fréquemment de nom à travers des centaines d’années. On l’appelait alors  « Wat Prasat Suan Sawan ». A travers les siècles il fut rénové au moins trois fois, la première pendant le règne du roi Taksin où une subvention royale permit de réparer le toit de la chapelle. , puis plus tard, c’est le roi Rama III qui entreprit une restauration majeure et la dernière eu lieu à la fin du 19ᵉ siècle sous le règne du roi Chulalongkorn, Rama V. Mais pendant la période du Roi Rama VI (1881–1925), le temple s’était considérablement détérioré et n’avait même plus d’abbé pour le diriger.

architecture temple bangkok
A travers le temple

Renaissance du temple avec un nouveau moine-abbé

Au début du  siècle  le wat Pak Nam n’était plus que l’ombre de lui-même et était complètement tombé en désuétude, les herbes folles l’envahissaient et seul 13 moines y vivaient encore. C’est alors qu’en 1916 , Luan Pu Soth Candasaro y fut nommé abbot , Il transforma progressivement le visage du temple et le développa par ses nombreuses initiatives et sa conception de la vie bouddhique. Le Wat Paknam faisait face à des difficultés sociales et disciplinaires et avait avant tout besoin d’un bon leader. Luang Pu Sodh y appliqua une stricte discipline monastique et le transforma en  un prospère centre d’éducation et de pratique de méditation qui finit par compter jusqu’à cinq cents moines, le nombre le plus élevé à cette époque et il admit, fait rare en Thaïlande, des centaines nonnes .

Hall vers l'ubosot

Ecole de méditation et  courant renaissant  du Bouddhisme

C’est ce  moine-abbé défunt et toujours respecté en Thailande qui  est à l’origine  du courant Damnakaya, parfois contesté depuis quelques années et qui s’appuie entre autre sur une méthode de méditation qui aurait été utilisée par Siddharta Gautama, donc  Bouddha lui-même, pour atteindre le nirvana . La pratique en aurait été perdue pendant les cinq cents ans après le décès du Seigneur Bouddha. Luang Pho Sodh  affirmait avoir redécouvert ce type de méditation appelée Vijja   Dhammakaya. Il remit pleinement  à l’honneur cette méthode au sein du temple et devint lui-même grand-maître de méditation. Cette méthode retrouvée s’est ensuite répandue à travers le monde au cours des derrières décennies.

Il devint  également grand lettré  en Pâli , passant   sa vie à étudier et à enseigner  cette langue au monastère pour finir par y créer un grand  institut de pâli en 1950 . Rappelons que c’est dans cette très ancienne  langue indo- européenne parlée autrefois en Inde,   qu’ont été écrits les premiers textes bouddhiques, les Tipitakas. Cette langue est toujours celle utilisée comme langue liturgique dans le bouddhisme Theravada pratiqué en Thaïlande. 

Comme les moyens manquaient pour financer cette école et les nombreux autres projets du maître, est née à ce moment l’idée de créer une amulette Wat Paknam Celle-ci reste très recherchée de nos jours, car datant de 1950 . Comme prévu, elle devint un important levier de collecte de fonds. De nombreuses grandes légendes et récits ont contribués à populariser cette image du grand moine. 

Luang Pho Sot a aussi joué un rôle dans l’introduction du bouddhisme Theravada en occident avec l’intronisation des tous premiers  moines occidentaux et en développant   de larges relations avec les courants  bouddhistes japonais. 

amulette
amulette célebre

Tout particulièrement avec celui  de  la tradition Shingon , l’ un des courants majeurs du Bouddhisme au pays du soleil levant. Les visiteurs japonais sont d’ailleurs jusqu’à présent les étrangers les plus fréquemment rencontrés ici. Sans doute à cause de ces liens et des belles photos du temple sur Instagram au Japon.  Lors de ma  dernière visite, j’ai d’ailleurs pu avec plaisir échanger avec un moine japonais shintoïste venu se recueillir ici.

Une sérénité ambiante en flanant à travers les autres bâtiments

colonnes en teck entre temple
hall-ubosot-wat-paknam-phasicharoen
Hall vers l’ubosot

Lorsqu’on pénètre dans le temple à travers un long tunnel couvert, on se dirige tout naturellement vers la droite selon les indications que donnent les plans pour accéder au stupa et avoir une vue sur le Bouddha. Mais en revenant sur vos pas et pour une visite compète, il ne faut surtout pas hésiter à pénétrer dans toute la partie ancienne du monastère, en partie soutenue par d’ énormes colonnes de teck , visiter son ubosot , voir la statue du moine-abbé sur laquelle les fidèles collent avec dévotion des feuilles d’or. Ne pas hésiter à se perdre à travers les différents édifices et pour finir tout au fond, accéder au jardin dont je vous ai parlé plus haut.

moine veneré feuilles d'or
Sculpture du moine vénéré

Comment venir avec le MRT. Blue line

La situation sur Google Map

L’entrée dans le temple est gratuite et il est ouvert a tous tous les jours. Respecter comme toujours une tenue vestimentaire correcte et adaptée dés que vous pénétrez dans l’enceinte du temple.

Les paisibles environs du Wat Pak Nam sillonnés de khlongs et de petites rues tranquilles sont aujourd’hui facilement accessibles par la prolongation récente de la Blue line du MRT et  en descendant à la station  Bang Phai . On imagine que le MRT est souterrain comme notre métro, mais sur cette nouvelle extension de ligne , il ressort ici à l’air libre juste après les nouvelles stations, Wat Mangkok, Sam Yot, Sanam Chai et Itsaraphap qui sont parmi les plus belles de la ville. De la station jusqu’au temple compter environ 10 mn à pied.

plan du temple

En chemin, depuis le wagon du MRT, regardez bien, vous pourrez déjà admirer de loin le Bouddha, comme souvent en Thaïlande, tout est bien pensé !

  • Descendre a la station MRT Bang Phai
  • Prendre la sortie 1 , descendez l’escalier et vous vous trouvez en sortant sur la large  et tres passante avenue Phet Kasem road, continuer un moment sur cette avenue
  • ,Puis tournez à droite au premier soi. qui est aussi appelé soi Phet kasem 19. A l’angle se trouve une charmante famille qui dans son tout petit commerce vend des boissons et des gâteaux aux nombreux enfants en uniforme qui sortent de l’école toute proche un peu plus loin dans le soi.
  • Suivez celui-ci qui serpente avec une succession de virages ( veuillez faire attention aux angles morts avant de tourner ou de traverser car des motos circulent dans ces sois) à travers de pimpantes maisons colorées et des cascades de fleurs jusqu’au khlong,
  • La route bitumée s’arrête et vous arrivez a un moment sur un genre de parking au bord du khlong;
  • Franchissez le tout petit pont au dessus du khlong et vous êtes au temple.
  • Le soi s’appelle désormais soi Paknam , un autre petit pont puis tourner à gauche, c’est l’entrée du temple à travers une longue allée couverte.

Venir en bateau longtail

Un autre moyen pratique et simple est de prendre le BTS jusqu’à la sortie 1 de la station Saphan Taksin et de marcher jusqu’à la jetée de Sathorn qui est juste en dessous du BTS.
Il est possible d’embarquer sur un bateau thaïlandais à longue queue, un longtail, et naviguer le long de la rivière Chao Phraya jusqu’au Wat Paknam Phasi Charoen
Faire une excursion en bateau le long des canaux est un excellent moyen de découvrir le passé de Bangkok.
Voir sur place les differentes prpositions, mais en moyenne il est possible de louer un bateau entier pour 1000 bahts de l’heure;.

Adresse:

Le temple se trouve dans le district de Phasi Charoen situé juste à la limite de celui de Thonburi

Il est dans le Soi Pak Nam, Thoet Thai Road Pak Khlong Phasi Charoen

On peut aussi y accéder comme avant par la ligne de BTS Silom et descendre à la station S11 –Wutthakat, puis prendre un taxi pour environ 100 bahts.

L’idéal si vous êtes plusieurs est de prendre un chauffeur Grab pour venir et de repartir par la ligne de MRT pour voir le quartier, le Bouddha de loin et les belles stations qui suivent sur cette ligne.

Les applications Map- me ou Google map vous a

https://www.facebook.com/WATPAKNAM.BKK/

Source: l’image de couverture provient de la page Facebook du temple

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Jackie gill dit :

    Je suis impressionnée par cet article sur le Bouddha du Wat Pak Nam. Chon Jason connait bien son sujet et en parle avec précision et beaucoup d’amour. Cela me donne vraiment envie d’aller voir cet endroit magnifique le plus rapidement possible.

    1. Chon dit :

      Merci beaucoup Jackie, espère que cette visite désormais indispensable à Bangkok, vous aura plu.

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